Le livre de Camille Kouchner « La Familia Grande » met en lumière un thème douloureux, souvent caché et tabou : l’inceste. Christine Angot évoquait ce sujet crûment dans ses livres il y a 20 ans sans réussir à mobiliser l’opinion publique, notre société soit disant civilisée ne semblait pas prête à prendre en considération un problème aussi primordial.
👄Aujourd’hui la parole se libère Ce silence complice et coupable dont nous sommes tous porteurs explosent et la société semble faire pression pour que les lois bougent et que les enfants victimes de ces crimes soient justement protégés. Il y a quelques mois le livre de Vanessa Springora « le consentement » qui ne parlait pas d’inceste mais s’attachait à démontrer avec précision comment on peut enfermer une jeune fille dans un piège qui se referme sur elle-même avait permis un premier pas vers une libération de la parole. Le livre de Camille Kouchner accélère et amplifie ce phénomène. 👍Pour preuve la déferlante de parole, d’aveux poignants sous le hashtag #MeTooInceste. Violé(e) par un oncle, un grand père, un père, un beau-père, un frère, autant de victimes qui affichent et parlent de leurs traumatismes en dévoilant leur calvaire. Le silence se brise. la honte change enfin de camp. Car paradoxalement ce sont souvent les victimes qui se sentent coupables pas les violeurs ! Les victimes qui pour survivre s’enferment dans le silence, le déni, l’amnésie qui permet de supporter l’insupportable. Comment faire pour se relever d’une enfance volée, d’une innocence bafouée ? Il faudra du courage et tellement de temps. Est-il utile de rappeler qu’un enfant n’est jamais consentent pour une relation sexuelle avec un adulte. JAMAIS. Un enfant a rarement le pouvoir psychologique ou physique de dire non. Avant même que l’acte ne soit commis il est déjà dans la violence, le pseudo consentement est déjà une violence, il met l’enfant sous l’effet de la domination, de la peur. 👧🏼Un enfant aura toujours du mal à parler car il sait inconsciemment qu’en parlant il brise l’équilibre ou l’harmonie familiale. Il sait qu’en parlant il fera exploser la paix apparente d’une famille tranquille, bien sous tous rapports. Il se sacrifiera par devoir, pour ne pas comme le dit Camille Kouchner « détruire le paradis de l’autre ». Chacun de nous doit aider à prévenir et permettre à la parole à faire son chemin sans honte et sans tabou. La prévention est la première arme, à la maison, dans les écoles au niveau de la médecine scolaire. Les professionnels de l’Éducation nationale ou de la petite enfance qui entourent l’enfant” doivent être capables de détecter les premiers signaux d’alerte dans le comportement de l’enfant et pour cela ils doivent être formés. Médecins , psys et tous les acteurs des métiers de la santé doivent oser interroger, investiguer et chercher ses crimes parfois inavouables pour aider à lutter contre ce fléau. Il faut cesser d’être aveugle, ouvrir les yeux pour mieux protéger les enfants, permettre la parole sans honte. . Que penser d’une société qui ne fait entrer dans le code pénal l’inceste sur mineur qu’en 1976, oubliant au passage l’inceste sur majeur qui existe pourtant ! Un viol ou une agression sexuelle commise par un ascendant de la victime n’est considéré que comme une circonstance aggravante et l’inceste n’est pas une infraction spécifique dans le code pénal ! Un viol incestueux est puni de seulement vingt ans de réclusion criminelle alors que celui qui en est victime payera toute sa vie. Est-ce normal ? . Fort heureusement le système pédo-criminel est en train de se lézarder et la prise de conscience collective permet enfin la fin d’une tolérance inacceptable et une dénonciation à la hauteur de la réalité et de la gravité des faits. Le Sénat doit examiner prochainement une proposition de loi visant à créer « un nouveau crime sexuel » pour protéger les mineurs de moins de 13 ans. . Dans l’émission la Grande librairie du 13 Janvier , Muriel Salmona psychiatre psychothérapeute rappelait des chiffres effrayants : 6, 7 millions de personnes déclarent avoir été victime d’inceste, 1 fille sur 5 et 1 garçon sur 13 ! . 🎓La question de l’imprescriptibité pour l’instant réservé aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité, fait encore débat. Certains juristes pensent qu’elle augmenterait considérablement le risque d’erreur judiciaire en raison du “dépérissement des preuves et du manque de fiabilité des témoignages” La preuve ne pouvant être établie cela serait donner de faux espoirs aux victimes. Face a une femme me disant qu’elle, toute sa vie payerait le prix fort, j’avoue que j’ai du mal a accepter qu’il puisse y avoir une quelconque prescription. Et vous qu’en pensez-vous ?
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Qu’est ce qui fait que l’on voit tout en noir ?
Aujourd’hui je me suis fait cette réflexion en constatant que de plus en plus de mes patients me présentaient les évènements (je parle de la situation actuelle du Covid) comme un film dramatique ou une série noire, perdant tout parfois tout discernement. Cette fâcheuse tendance à surévaluer ce qui nous arrive de fâcheux au détriment des récompenses dont nous gratifient également nos vies, à retenir davantage les mauvaises nouvelles que les bonnes, est ce que l’on appelle le biais de négativité Ce phénomène fait que les individus sont davantage marqués par des expériences négatives que par les positives, qu’ils en tirent plus d’enseignements et qu’ils les utilisent plus souvent. C’est ce qui explique aussi que les expériences traumatiques et négatives restent plus longtemps gravées en nous et affectent même nos expériences positives. Ce sont donc hélas les informations qui nous apportent un désagrément que nous mémorisons le plus facilement ! A l’inverse nous avons tendance à oublier les bons souvenirs ou toutes les choses qui se sont bien déroulées. Le comble c’est même que le sentiment positif ou le bonheur diminue lorsque les expériences agréables ou positives s’accumulent et qu’on s’y habitue. On retient plus les mauvaises nouvelles que les bonnes, les échecs que les succès, les défauts que les qualités d’une personne, les catastrophes que les carnets roses…. Et en ce moment même nous sommes assaillis par le pouvoir du négatif parce qu’il est omniprésent du matin au soir. Politiciens et journalistes nous montrent à quel point l’environnement, les risques sanitaires, l’économie va mal, bref tout ce qui est susceptible de déclencher des signaux d’alarme dans notre cerveau. C’est vrai la situation n’est pas rose mais tout n’est pas noir ! L’origine de cette tendance pour les Darwiniens seraient liée au début de l’humanité où pour survivre, les hommes se devaient de prendre en compte tous les évènements négatifs survenant dans le groupe auquel il appartenait. Ceux qui survivaient été ceux qui savaient être prudents et esquiver les dangers.Nos ancêtres ont ainsi appris à prendre des décisions intelligentes dans des situations à haut risque et avec le temps la structure du cerveau s’est adapté pour accorder plus d’attention aux informations négatives qu’aux informations positives. Ces mécanismes sont devenus totalement inconscients. Et c’est bien ça le problème ! Ces biais cognitifs sont inconscients et automatiques. Ils sont là depuis des millions d’années, donc on ne peut pas les supprimer. On voudrait pourtant avoir un peu plus de positivité dans notre vie. Elle serait bien meilleure si on pouvait accorder autant d’importance aux informations positives qu’aux informations négatives non ou si on pouvait être un peu plus objectif … Alors comment faire pour inverser la tendance ? Pour nager à contre-courant et apporter plus de positivité dans la vie ? Et bien il va falloir travailler un peu et consciemment porter votre attention sur les informations positives. Accordons-nous qu’aujourd’hui, nos vies (même en période de Covid) sont infiniment plus faciles et moins dangereuses que celles de nos ainés et cette disposition soupçonneuse n’a plus vraiment de raison d’être. Nous avons tout de même la chance de vivre dans une époque bénie, de bénéficier davantages dont nos ancêtres n’auraient pas rêvé et même la situation que nous vivons est infiniment moins pénible que ce que nos grands-parents ont vécu pendant la guerre. Nous sommes certes menacés mais pas des pires calamités et quelques-unes de nos réactions sont inappropriées ou disproportionnées ! Bien sur la situation n’est pas gaie mais de là à en faire un cauchemar sans fin… Restons optimiste et confiant ! Le biais de négativité peut avoir des conséquences sur les opinions des êtres humains sous la forme de préjugés, de stéréotypes, de discriminations ou de superstitions. Il nous rend même plus susceptibles de donner plus de la crédibilité aux nouvelles négatives qu’aux nouvelles positives même si elles sont fausses ! Les psychologues ont pris conscience du problème et pour contrebalancer l’effet du « biais de négativité », ils explorent à présent un « ratio de positivité ». Ainsi pour avoir une relation ou une vie équilibrée au sens du positif / négatif il est nécessaire qu’il y ait un nombre plus élevé de sentiments ou d’évènements positifs que de négatifs. Les études ont montré que le rapport pouvait être de 5 pour 1 et que le cerveau a besoin d’un grand nombre de petites expériences positives pour faire pencher la balance vers l’équilibre. Alors faites attention à vos pensées et quand une expérience positive pointe le bout de son nez, attrapez la avant que votre cerveau ne l’écarte et l’ignore. Vous pouvez même la notez dans un journal de gratitude comme le conseille la psychologie positive ! Bonne nouvelle, la tendance à l’air de s’inverser avec l’âge. En effet, plus on vieillit, moins on est impacté par les expériences négatives. Les plus cyniques pensent que c’est une preuve de déclin cognitif (quelle négativité !) … Les plus optimistes pensent que c’est une preuve de sagesse et d’expérience de vie … A vous de décider ! Qu’en pensez-vous ? |
AuTEURMaité Marc-Clinkemaillié est Thérapeute et Coach en entreprise. Elle partage ici ses expériences, découvertes, opinions et articles sur tout ce qui touche la psychologie et le développement personnel. Archives
Novembre 2023
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